Ignorance, croyance et incroyance Jacques Cabassut et Sarah Troubé, université Côte d’Azur, LIRCES EA3159 « Oui, on pouvait travailler, ... profit de l’illusion d’un savoir scientifique objectif et transparent, dont l’accumulation d’enquêtes empiriques parleraient d’elle-même pour dévoiler la vérité – études Le savoir scientifique est d’autant plus légitime qu’il est périssable « Il y a quelques années, on pensait que l’espèce humaine avait 200.000 ans d’âge. Enquête réalisée auprès d’élèves de terminale en Belgique francophone », Revue de didactique des sciences religieuses, n° 2, p. 14-29. 19Premier constat : l’adhésion à une conception sécularisée de la science, au sens défini ci-dessus, apparaît fortement liée aux convictions personnelles des élèves. 24Dès lors, comme nous le notions (Wolfs et Delhaye, 2016), il pourrait y avoir, pour certains, un cumul de facteurs conduisant à une conception peu sécularisée de la science : s’identifier à une obédience religieuse historiquement et sociologiquement peu sécularisée (par exemple, être un élève protestant évangélique), être originaire d’une société elle aussi globalement peu sécularisée et enfin, dans un contexte d’immigration, avoir éventuellement développé des stratégies identitaires de survalorisation ontologique, mettant au premier plan certaines traditions ou pratiques religieuses peu sécularisées, par exemple une lecture littérale des Écritures. Il se distingue d’une croyance ou d’une opinion. 29Science et religion ne sont toutefois pas les deux seuls types de discours qu’il convient d’apprendre à différencier. Le concordisme repose globalement sur le postulat selon lequel le « livre de la Parole » (par exemple, la Bible ou le Coran) et le « livre de la Nature »1, que s’efforcent de déchiffrer les sciences, ne sauraient se contredire, puisque tous deux trouvent leur origine en Dieu. 3 0 obj Une fois formalisé, un savoir existe de manière indépendante. Il propose un cadre d’analyse permettant de mieux comprendre les positionnements possibles entre sciences et croyances religieuses, ainsi que les résultats d’une enquête réalisée en Belgique francophone sur cette question, auprès d’un échantillon de 1 400 élèves de terminale. Introduction Le savoir et la croyance, en leur sens le plus large, ont un point commun : chacun prétend délivrer une vérité. », Éducation et Sociétés, n° 33, p. 113-136. 2. On constate néanmoins que ce facteur n’a qu’un effet limité. C’est le cas en particulier aujourd’hui des tenants du « dessein intelligent » (intelligent design). [Gérard Leclerc] -- L'histoire de l'autorité, c'est celle de la succession des modes de croyance et des régimes d'énonciation de la Vérité, de l'influence religieuse, idéologique, politique et scientifique… Les théories scientifiques prétendent dégager certaines lois régulières expliquant les phénomènes physiques, ou bien établir indubitablement des démonstrations mathématiques. Ajoutons aussi qu’en cas de crispation identitaire, dans un contexte de dévalorisation perçue de leurs croyances ou de leurs caractéristiques culturelles, ce qui est parfois le cas dans le cadre de l’immigration, des élèves pourraient, par un processus de sur-valorisation ontologique (Heine et al., 2008) et/ou d’(auto)-assignation identitaire (Mathieu, 2011), faire passer au premier plan une composante de leur identité qu’ils jugeraient essentielle, par exemple leurs croyances religieuses et certaines conceptions non sécularisées qui pourraient leur être associées. Cette posture se fonde notamment sur le principe selon lequel la démarche scientifique s’est construite par ruptures et dépassements successifs par rapport à un premier niveau d’explication mythologique ou religieux développé par l’être humain face à l’univers. José-Luis Wolfs, « La concurrence entre savoirs scientifiques et croyances religieuses à l’école », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 77 | avril 2018, mis en ligne le 30 avril 2020, consulté le 21 décembre 2020. Quoiqu'il en soit, on présente en général la croyance comme la relation de l'esprit à une proposition et le savoir comme la relation de l'esprit à un fait. Le darwinisme et le créationnisme sont-ils inconciliables ? L'intégrale du programme sur france.tv 4 Ce modèle a été construit en articulant une démarche de type déductif, qui a consisté à définir des catégories conceptuelles abstraites à partir de deux critères généraux (la prééminence ou l’absence de prééminence entre sciences et croyances religieuses, la recherche ou non d’une forme de complémentarité entre les deux), à une démarche inductive, qui a consisté à analyser un grand nombre de prises de position différentes issues de contextes historiques et culturels variés (à partir d’ouvrages historiques, d’enquêtes de terrain, etc.). Quelques pistes de réflexion sur le plan pédagogique et didactique, http://journals.openedition.org/ries/docannexe/image/6146/img-1.png, Colloque 2019 : Conditions de réussite des réformes en éducation. Le créationnisme : savoir au croyance (Belin – enseignement scientifique Tale) Le créationnisme : savoir au croyance (Belin – enseignement scientifique Tale) Montrez que les mouvements créationnistes actuels appartiennent au domaine des croyances religieuses et que, de fait, ils se différencient d’un savoir scientifique. Il s’agit en quelque sorte de vouloir trouver Dieu, défini éventuellement sous la forme d’un principe abstrait ou d’un grand architecte, à travers la « science », quitte à créer une pseudo-science pour tenter d’y parvenir. Propone un marco de análisis que permite entender mejor las posiciones que pueden adoptar respectivamente ciencias y creencias religiosas así como los resultados de una encuesta realizada en Bélgica francófona sobre este tema con un muestreo de 1400 alumnos de bachillerato. 3) Est-ce le doute ou la certitude qui caractérise l'esprit scientifique ? 10 Expliquant réellement et matériellement l’origine de l’univers et l’origine de l’homme. Dans les quatre conceptions suivantes, la science est autonome et indépendante par rapport à celui-ci. Pour moi, il n’y a pas de vérité absolue, puisqu’elle est constamment mise à l’épreuve du temps, de l’expérience, de l’évolution du monde. ». Le statut attribué aux Écritures sacrées constitue en effet une des variables clés dans l’adoption d’une conception sécularisée ou au contraire non sécularisée de la science. <> Le rapport à la sécularisation a en effet été très différent à la fois selon les religions et selon les contextes historiques ou culturels considérés. 1- La croyance en l'absolu peut devenir une croyance absolue, se prendre pour un savoir assuré, et vouloir s’imposer à tous. Ce document a été mis à jour le 22/03/2011 Alors que le mot croyance et savoir semblent être des mots tout à fait opposé. Get this from a library! Demander de les lire et d’écrire sur chaque tiret le mot qui convient Mise en commun Pour la version 1, « sais ». La réflexion de Einstein part d. La connaissance serait une croyance vraie justifiée : Reformulation en termes de conditions nécessaires : croyance : au sens (1), adhésion, assentiment à un contenu de pensée, une proposition. La proportion d’élèves attribuant à celles-ci le statut de « récit réaliste »10 (plutôt que « symbolique » et/ou « mythique ») est de 74 % chez les élèves musulmans, 57 % chez les protestants et 20 % chez catholiques. Elle a suscité une foule de récits mythiques racontant l'his¬ toire du monde, des dieux et des tribus. Il s’appuie sur l’analyse de faits extraits de la réalité complexe ou produits au cours d’expériences. On se questionnera sur le rapport des croyances à la vérité, sur les croyances radicales, ou encore sur ce que les scientifiques "croient savoir". Page 1 sur 35 P.DORNE- DAAC Grenoble Compétences : Distinguer une croyance ou une idée d’un savoir scientifique - Comprendre l’évolution d’un savoir scientifique Objectif : A partir des documents suivants accompagnés d’aides à l’exploitation par les élèves et de compléments pédagogiques pour les enseignants, définir les caractéristiques d’une théorie scientifique. Aussi, notre rapport à la vérité et notre capacité d’appréhender le réel sont toujours entachés de subjectivité. Mais si les enfants y croient, ... Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC. « Je crois » lorsque je ne suis pas sûr de ce que j'avance, faute d'avoir pu le démontrer ou le vérifier de manière indiscutable. Les chemins du mythe : essai sur le savoir et la religion des Fali du Nord Cameroun. C’est l’occasion aussi de souligner et de valoriser, auprès des élèves, l’apport de différentes cultures au développement de la science12. Il repose sur le postulat de travail suivant : dans la démarche scientifique, la nature s’explique par la nature (et non par le livre de la Parole). La croyance est le fait de tenir quelque chose pour vrai, et ceci indépendamment des preuves éventuelles de son existence, réalité, ou possibilité. À ce titre, le statut d’un résultat obtenu par des chercheurs est celui d’une hypothèse, il n’accède à celui d’un savoir qu’après avoir été vérifié et confirmé par des équipes indépendantes. 26Une première piste vise à donner aux élèves une connaissance mieux informée de l’objet et des limites de la science (Aroua et al., 2012). 21Troisième constat : le rapport aux Écritures sacrées varie très fortement, au sein de cet échantillon, selon les religions considérées. ), Théorie de l’évolution et religions, Paris, Riveneuve éditions, p. 225-238. Mais il y a deux ans et demi, une publication reculait de 100.000 ans l’âge de l’espèce humaine. À partir de celui-ci, un état des lieux a été esquissé en Belgique francophone auprès d’un échantillon de 1 400 élèves de terminale. URL : http://journals.openedition.org/ries/6146 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ries.6146, José-Luis Wolfs dirige le service des sciences de l’éducation à l’Université libre de Bruxelles. Sur la base de ce constat, plusieurs pistes de réflexion et d’action sur le plan pédagogique et didactique ont été suggérées, afin d’amener les élèves à mieux différencier les deux registres. Il s'agit ici de la vérité d'autorité, qui est de prendre pour vrai ce que quelqu'un de supérieur nous dit car c'est un expert, un savant, un Homme plus âgé par exemple. Pour caractériser une conception de la science de « sécularisée », deux indicateurs ont été définis : le rejet des conceptions fidéistes et concordistes (sous forme classique et inversée) et l’adhésion à l’idée d’autonomie de la science à l’égard des croyances religieuses. 27Une seconde piste, dans un autre registre qui peut être celui d’un enseignement des faits religieux, pourrait avoir pour but de faire prendre conscience aux élèves de la diversité des lectures dont les Écritures sacrées peuvent faire font l’objet, selon les contextes historiques et culturels, afin notamment que ceux et celles qui seraient tenté(e)s par une lecture de type littéraliste, puissent s’en distancier. Point de départ du créationnisme. «On ne peut pas crée… Voir le repère Objectif / Subjectif. 5Il comprend sept idéaux-types contrastés, dont quatre conduisent à des situations de conflit, de confusion ou d’amalgame entre science et religions et trois, au contraire, à une délimitation de leurs régimes respectifs et à différents modes de cohabitation. Ce processus de construction du savoir de croyance … Les termes de "croyance" et de "savoir" paraissent donc avoir des grammaires différentes. Nous allons voir que le savoir est fondé sur la raison, la logique contrairement à la croyance qui est une forme de conviction immédiate qui n'est pas fondée, sans aucune preuve. 14(8) La critique rationaliste, de forme scientiste, où la science est conçue comme un registre de pensée totalisant et excluant par rapport à d’autres, notamment religieux (cas extrême : les persécutions développées par le régime de l’ex URSS à l’égard des religions, ainsi qu’à l’égard de la pensée scientifique non conforme à celle de Lyssenko). La démarche scientifique est une procédure rigoureuse qui permet à la science d’avancer. fh� Je peux croire en Dieu et garder cette croyance pour moi, tout en étant un scientifique qui conçoit la vérité comme vraie jusqu’à preuve du contraire. Ce dépassement n’est possible que si la pensée est éduquée dans une culture dont le fondement est philosophique et scientifique. III- Croyance absolue et Savoir relatif_Confusion 3 : FOI religieuse et DOUTE scientifique (→ renversement croire et savoir de la confusion 2 : la distinction entre croire et savoir étudiée dans le II n’est pas sans soulever quelques ambiguïtés. )